The Congo, I Presume?

Monument commémoratif par Tom Frantzen (1954 - )

 

Tom Frantzen, 1997, jardin AfricaMuseum, 13 chaussée de Louvain, Tervuren
Monument commémoratif du centenaire de l’« Exposition coloniale » (1897 – 1997)

Ce groupe de sculptures a été placé en 1998 par la Régie des Bâtiments à l'initiative de cercles locaux de Tervuren. Le groupe de sculptures ne fait pas partie du patrimoine de l'AfricaMuseum. L'intention initiale était de placer le groupe de sculptures  plus près du centre de Tervuren. La commune et la Régie ont finalement décidé de placer le groupe de sculptures dans le jardin français derrière le musée.

L'artiste n'a soumis le texte suivant à l'AfricaMuseum qu'en 2018 : 
Le titre, « The Congo I Presume », fait allusion aux célèbres mots d’Henry Morton Stanley lors de sa rencontre avec David Livingstone : « Dr Livingstone I Presume ? ».
L’ensemble de statues est posé sur une pièce d’eau, et fait référence au village africain reconstitué au bord de l’eau lors de l’exposition de 1897. Sept figurants africains y ont perdu la vie des suites d’une pneumonie. 
Les statues dans la pièce d’eau évoquent ce village congolais, où animaux exotiques et indigènes étaient exhibés.
Les blocs de pierre font référence au surnom de Léopold II, le « Roi bâtisseur ». 
L’éléphant et le lion symbolisent la sublime et puissante nature congolaise, et son riche sous-sol.
Les huit flamants roses, des oiseaux migrateurs, symbolisent la diaspora congolaise.
Au milieu de cette évocation de la nature, on trouve un buste de Léopold II, propriétaire de l’État indépendant du Congo, et, pour les Congolais, incontestable « père de la nation ».
De l’autre côté du buste se trouve un paon, qui fait la roue avec grâce, référence sans équivoque à la vanité, la mégalomanie et l’orgueil de l’homme.
L’éléphant détourne son regard du buste, il prend ses distances, de manière symbolique, du pillage de l’ivoire grâce auquel Léopold II s’est enrichi éhontément. 
Même le lion, « roi des animaux », regarde ostensiblement dans l’autre direction.
Trois guerriers africains, parés de superbes vêtements traditionnels, sont alignés comme des soldats serviles et « exposés » tels trois trophées personnels du roi.
Notons aussi que ces robustes guerriers n’ont pas de pieds : une référence directe à la moins belle histoire de la colonisation.
Il s’agit du seul ensemble de statues anticolonial de notre pays et il peut donc être qualifié d’unique en son genre.


Tom Frantzen

Depuis 2018, l'artiste qualifie explicitement son groupe de sculptures de monument satirique.

L'AfricaMuseum rappelle que lorsque le groupe de sculptures a été inauguré en 1998, il était clair qu'il avait été placé en l'honneur du roi Léopold II pour ses réalisations à Tervuren, comme l'avenue de Tervuren, le tram, l'arboretum, le Warande et le musée... Il n'y avait guère à l'époque de référence au rôle de Léopold II dans l'État indépendant du Congo et aux atrocités qui y avaient été commises et qui avaient fait d'innombrables victimes. Les investissements réalisés par le roi Léopold II à Tervuren ont été financés avec les bénéfices du commerce du caoutchouc et de l'ivoire au Congo.