Piqûres de moustiques exotiques ?

L’ADN des moustiques sous la loupe

L’été est le temps des (piqûres de) moustiques. Il est important de savoir à quels moustiques on a affaire précisément. Suite à la mondialisation et au changement climatique, l’arrivée des espèces exotiques est à surveiller. Des biologistes du MRAC assurent une identification rapide et fiable des moustiques basée sur la recherche ADN.

L’ADN des moustiques sous la loupe

Pour l’équipe BopCo (the Barcoding Facility for Organisms and Tissues of Policy Concern, une équipe conjointe de biologistes du MRAC et de l’IRSNB – Institut royal des Sciences naturelles de Belgique), l’été est une période d’analyse intense. Répondant à des demandes externes, elle étudie les populations belges de moustiques, mais aussi celles de pays africains.

 

Les moustiques et la recherche

On connaît en Belgique 31 espèces de moustiques indigènes. Suite à la mondialisation, qui intensifie voyages et transports, et au réchauffement climatique de notre planète, il s’agit de surveiller de près la présence possible d’espèces exotiques, surtout pour les transmetteurs de maladie connus qui peuvent présenter un danger pour la santé des hommes et des animaux.

Dans le cadre du programme MEMO (Monitoring of Exotic MOsquitoes in Belgium) mené par l’Institut de Médecine tropicale et à la demande du SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, BopCo intervient dans l’identification de moustiques présents sur 23 sites stratégiques de Belgique.

À la demande de l’armée belge, l’équipe identifie également les moustiques vivant dans les régions d’outre-mer et susceptibles de présenter des risques pour la santé des soldats belges qui sont en poste là-bas. L’équipe assiste également nos partenaires des pays africains dans leur travail d’identification.

 

« Lorsque tout va bien, nous identifions dans nos laboratoires jusqu’à 100 échantillons en trois jours »

L’ADN, un système de code-barres

BopCo est spécialisé dans les travaux d’identification basés sur l’ADN. Ceux-ci peuvent confirmer une identification basée sur des caractères morphologiques.

« Nous pouvons prélever du matériel génétique de moustiques à différents stades de vie tels que les œufs, les larves ou les individus adultes », explique Nathalie Smitz, biologiste du MRAC. Le barcoding ADN est donc une méthode d’identification rapide applicable aux stades de vie précoces pour lesquels il est encore quelquefois difficile d’établir une distinction claire sur base des caractères externes.

Les techniques moléculaires mettent à nu le matériel génétique d’un organisme inconnu. Certaines sections en sont comparées avec une banque de données de référence en ligne d’organismes connus. Une correspondance conduit à une identification solide. « Lorsque tout va bien, nous identifions dans nos laboratoires jusqu’à 100 échantillons en trois jours. »

 

Connaissances partagées

 

Outre les gouvernements, la science, elle aussi, tire avantage de notre recherche. C’est ainsi que des collections de références de fibres sont établies au MRAC en collaboration avec l’IRSNB. « Ce sont facilement 1000 échantillons de moustiques qui sont concernés », affirme madame Smitz. « Nous les plaçons dans des congélateurs spéciaux, à –80 °C, afin d’assurer leur bonne conservation à long terme. » Ces échantillons sont échangés avec d’autres institutions.

Les chercheurs partagent ainsi leur expertise en barcoding ADN avec des scientifiques spécialisés dans des domaines apparentés. « Dans le cadre du projet MEMO, nous avons adressé fin août un workshop aux experts, et nous allons présenter également nos méthodes à des congrès organisés en Namibie et en Sicile plus tard dans l’année. » « De plus nous ajouterons de nouvelles séquences ADN dans les banques de référence en ligne », poursuit Kenny Meganck, biologiste au MRAC lui aussi.

 

Les moustiques, et les autres…

Les scientifiques de BopCo ne se limitent pas à l’étude des moustiques. Le laboratoire analyse à la demande tous les organismes biologiques présentant un intérêt dans le contexte social ou politique. Ce sont par exemple les espèces animales menacées, ou encore les espèces susceptibles de présenter un danger pour la santé ou pour l’économie telles que les espèces invasives, des organismes liés à la fraude alimentaire ou des spécimens intervenant dans un contexte judiciaire. 

C’est ainsi que les chercheurs de BopCo ont collaboré avec la RTBF à un reportage sur la viande de brousse qui a été diffusé dans l’émission On n’est pas des pigeons.

Avec le soutien de BELSPO, BopCo contribue à Lifewatch, consortium de recherche européen consacré à la biodiversité.