Une chercheuse du MRAC reçoit un prix prestigieux pour ses recherches sur les glissements de terrain

La géographe Elise Monsieurs (MRAC) étudie les précipitations à l’origine des glissements de terrain en Afrique tropicale. Pour cela, elle a été récompensée par un prix de l'American Geophysical Union, le plus grand réseau international de chercheurs dans le domaine des géosciences.

glissements de terrain en Afrique tropicale

Glissements de terrain en Afrique tropicale

L'étude des processus qui conduisent aux glissements de terrain, afin de pouvoir prévoir le plus précisément possible où et quand ils se produisent, est l'un des domaines d'activité du service des Risques naturels du MRAC.

Une des zones les plus vulnérables aux glissements de terrain en Afrique est la région montagneuse du nord du lac Tanganyika et autour du lac Kivu, dans le Rift est-africain. Chaque saison des pluies provoque des glissements de terrain dans cet environnement tropical densément peuplé, souvent avec des conséquences désastreuses.

Pourtant, on sait très peu de choses sur les régimes des précipitations qui sont associés à ces instabilités de pente. En outre, les outils et les méthodes qui sont généralement utilisés par la communauté scientifique pour évaluer les risques associés aux glissements de terrain ne sont pas adaptés au contexte de la rareté des données que l’on rencontre dans une telle région.

Les recherches doctorales d'Elise Monsieurs réalisées en partenariat avec le F.R.S.-FNRS, la BAEF, l’Université de Liège et la NASA ont permis de mieux comprendre ces phénomènes de glissement à l’aide de nouvelles méthodes d’analyse spécialement développées dans cette étude.

 

Les premiers seuils pluviométriques régionaux pour l'Afrique centrale ont été définis. Une fois dépassés, le risque de glissement de terrain devient nettement plus important

Des jeux de données uniques

Dans le cadre du projet RESIST, Elise Monsieurs a travaillé avec des chercheurs du Burundi, de la RD Congo, du Rwanda et de l'Ouganda sur un inventaire régional des glissements de terrain. Sur base de données historiques, d'observations sur le terrain et d’analyse d’images satellitaires, ils ont recueilli des données sur les glissements de terrain sur une période de près de 50 ans (1968 à 2016). Ces données sont disponibles en libre accès dans le Global Landslide Catalogue de la NASA, où Monsieurs a séjourné pendant un an.

Deuxièmement, un jeu de données sans précédent sur les pluies mesurées dans la région à l’aide de pluviomètres a été élaboré, grâce auquel les estimations des précipitations basées sur les données satellitaires produites toutes les trois heures par la NASA ont pu être vérifiées pour leur exactitude. 

 

Seuils pluviométriques et localisation des zones les plus sensibles aux glissements de terrain

L'analyse combinée de ces données d’inventaire et des estimations satellitaires des précipitations a permis de définir les premiers seuils pluviométriques régionaux pour l'Afrique centrale. À cette fin, Monsieurs a développé une nouvelle méthode statistique pour prédire où et quand des glissements de terrain vont avoir lieu. En d’autres mots, une fois ces seuils pluviométriques dépassés, le risque de glissement de terrain devient nettement plus important dans certaines zones de cette région montagneuse.

Cela fournit un outil crucial pour mieux estimer le risque de glissements de terrain, qui jusqu’à présent faisait défaut pour cette région. Il jette les bases d'un système d'alerte précoce qui devrait, à terme, réduire l'impact des glissements de terrain dans la région.

« Il est donc plus que mérité qu'Elise Monsieurs ait reçu l'un des prix les plus prestigieux pour les jeunes chercheurs dans le domaine des géosciences », selon Olivier Dewitte, co-promoteur du MRAC.