Pionnière au musée

Olga Boone, première femme scientifique du MRAC

Qui était la première femme scientifique du musée ? Pour la première fois, Eline Sciot, historienne au MRAC, a mis sous les projecteurs l’ethnographe Olga Boone. Très diversifiées, les recherches de Boone occupent une place particulière dans l’histoire de l’anthropologie belge. La reconstitution de sa carrière nous éclaire également sur les opportunités et les contraintes vécues au sein des musées par les femmes scientifiques et conservatrices.

Pionnière au musée

Le 1er septembre 1930 n’était pas une journée ordinaire pour le musée : pour la première fois dans son histoire en effet, il engageait une femme au sein de son personnel scientifique permanent. Olga Boone (1903-1992) allait travailler pas moins de 40 ans au Bureau de documentation ethnographique du MRAC.

Bien que ses « Cartes ethniques » et ses publications sur des xylophones et des tambours du Congo jouissent encore aujourd’hui d’une certaine notoriété parmi les spécialistes, peu d’informations existaient jusqu’ici sur sa personne et sur ses travaux.

 

En pick-up à travers le Congo

Eline Sciot a réalisé une étude sur les contributions scientifiques de Boone. Ses recherches ont notamment permis d’obtenir davantage d’informations sur les deux expéditions scientifiques que Boone mena au Congo, peu après la Seconde Guerre mondiale.

« Lors d’une première mission en 1948-49, Boone a parcouru le Congo et le Ruanda-Urundi pendant une année entière afin de récolter des données ethnographiques et de réaliser une “carte ethnique” », explique Eline Sciot. « Elle a réalisé cette expédition en pick-up avec deux Congolais, Nzati Nicolas et Jean (?). »

Une deuxième expédition en 1951 avait pour objectif de réaliser des photos et des films, en noir et blanc et en couleur, des danses bobongo, dans la région du lac Mai Ndombe. Durant cette mission, Boone collecta également des objets ethnographiques.

 

Une base de données ethnographique avant la lettre

Au cours de cette première moitié du XXe siècle, Boone était une des rares femmes en Belgique à déjà être active professionnellement dans le domaine de l’anthropologie.

Outre la réalisation de cartes ethniques et la classification d’instruments de musique, elle mit également sur pied des bibliographies ethnographiques. Cette importante « base de données » bibliographique avant la lettre est à l’origine de l’actuel Centre de documentation en sciences humaines et sociales du MRAC.

 

“Compte tenu des normes sociales et culturelles autour du genre, le travail de terrain n’était pas une évidence pour les femmes.”

Femme dans un monde d'hommes

Pendant longtemps, Olga Boone était non seulement la première mais également l’unique femme parmi le personnel scientifique du musée. Eline Sciot a étudié la place qu’occupait Boone en tant que scientifique dans le monde masculin qu’étaient alors l’anthropologie et le musée.

« Compte tenu des normes sociales et culturelles autour du genre, le travail de terrain n’était pas une évidence pour les femmes. Or, ce travail de terrain était capital pour l’autorité d’un chercheur », explique Eline Sciot. « La recherche documentaire, par contre, était davantage perçue comme un travail féminin, mais bénéficiait de moins de considération. » 

 

Archives personnelles d’Olga Boone

Les riches collections du musée, dont notamment les archives institutionnelles, ont constitué le point de départ des recherches d’Eline Sciot.

Par ailleurs, un fonds d’archives personnelles d’Olga Boone qui n’avait pas encore été inventorié a également été retrouvé. Il contient entre autres ses correspondances, des notes de terrain et des cartes avec l’itinéraire des expéditions de Boone

Un album de 400 photos de sa première mission, les objets récoltés par Olga Boone, ses publications et ses films ont permis de reconstruire le travail de cette pionnière.

 

Boone (à gauche) et deux collègues devant le musée.

Boone au milieu des autres scientifiques sur la première rangée.