Le Musée royal de l'Afrique centrale abrite une collection exceptionnelle de plus de 6000 objets textiles ethnographiques et historiques. À l'exception de certains textiles Kuba bien étudiés, peu ou pas de recherches ont été menées sur les matériaux et les techniques utilisés pour la plupart de cette collection. Les techniques de création textile de l'Afrique centrale ont longtemps été sous-évaluées. CAPTex se concentrera sur les procédés et matériaux de fabrication textile sous-évalués et entend partager ses connaissances avec les (femmes) artisans, experts et restaurateurs afin de sensibiliser davantage aux hautes compétences des artisans congolais et à la richesse des pratiques culturelles congolaises en général. Comprendre les textiles et les tissus est une étape importante vers la compréhension des cultures qui portaient et utilisaient et utilisent encore ces objets importants. En outre, la compréhension des processus techniques aidera à identifier les principaux catalyseurs de détérioration des textiles à base de fibres végétales.

CAPTex a l'intention de créer un aperçu structuré des matériaux et des techniques trouvés dans la collection textile hébergée au Musée royal de l'Afrique centrale. En collaboration avec le jardin botanique Meise, les fibres végétales d'un groupe sélectionné de textiles représentatifs seront examinées et analysées en utilisant la microscopie à lumière transmise, la microscopie électronique matricielle et la microscopie à lumière polarisée. Les techniques utilisées pour fabriquer les textiles seront examinées par inspection visuelle, photographie et comparées aux techniques textiles connues trouvées dans la littérature. Afin de mieux comprendre les textiles et leurs phénomènes de dégradation, des maquettes de textiles seront recréées pour comprendre pleinement les techniques et les processus de détérioration des textiles. Ce projet permettra de créer un réseau de fabricants de textiles africains, d'artistes, de chercheurs et de restaurateurs travaillant sur les textiles d'Afrique centrale. Les résultats de la recherche initiale sur les matériaux, les techniques et les processus de dégradation seront partagés avec les artisans de textiles d'Afrique centrale en Afrique centrale, en Belgique et dans d'autres pays pour identifier les techniques de fabrication du textile qui sont encore utilisées aujourd'hui et les techniques qui ont disparu au fil du temps. Lorsqu'un objet est ajouté à une collection de musée, la connexion de l'objet (ainsi que de l'artisanat et de la signification de l'objet) avec la communauté source peut être affaiblie voire perdue. CAPTex aspire à rétablir ou renforcer les liens entre les objets textiles et leur communauté source en créant des canaux de communication tels qu'un site Web ainsi qu'un groupe de travail en ligne pour les connecter. En outre, un atelier sera donné au MRAC, où les participants pourront interagir socialement, partager leurs expériences et leurs connaissances et se familiariser avec les différentes méthodes utilisées pour créer des textiles centrafricains, en particulier les textiles de la collection de le MRAC qui ont été analysés.

Les connaissances acquises grâce à l'analyse technique serviront de base à une proposition de soin approprié et de stockage à long terme des objets. En comprenant la dégradation liée aux matériaux et aux techniques, les processus de détérioration peuvent être prévus. Les conditions de stockage peuvent être adaptées en fonction des dommages constatés qui entraîneront l'allongement de leur durée de vie. Lorsque des dommages surviennent, un processus décisionnel approfondi concernant le traitement de conservation sera fait, impliquant les avis et conseils des membres du groupe textile africain. Cette collaboration est donc cruciale pour l'avancement des pratiques de conservation des textiles africains. La concordance du projet de recherche avec un investissement important dans le relogement de la collection textile permettra aux restaurateurs de mettre en œuvre les résultats de la recherche concernant le stockage immédiatement sur les efforts de relogement en cours.

Les résultats de la recherche CAPTex fourniront un premier aperçu des différents matériaux et techniques utilisés dans la création de textiles en Afrique centrale et seront pertinents dans plusieurs domaines tels que la science de la conservation, l'archéologie, la biologie, l'anthropologie et l'histoire de l'art. Le résultat du projet, un aperçu des différentes fibres végétales, leurs images microscopiques et des informations techniques sur les pratiques textiles; seront inclus dans une base de données en ligne qui pourra être consultée par les chercheurs, les étudiants et les parties prenantes. Les résultats seront en outre partagés au sein du réseau existant de travailleurs du patrimoine congolais et rwandais et d'étudiants en conservation grâce à l'ajout de ces informations précieuses dans les futurs ateliers de conservation en RDC et au Rwanda. Enfin, les archives photographiques de chaque textile seront jointes à la base de données générale des musées et fourniront à ce titre un aperçu visuel des articles textiles qui sont stockés dans le MRAC, ouvrant une collection au public sous forme numérique, rendant la collection accessible pour étude à travers le monde et en particulier pour les parties prenantes en Afrique centrale.

CAPTex entend être le point de départ d’un effort de recherche approfondi sur les objets de la collection ethnographique du MRAC. Les textiles, ou leurs éléments, ont été largement utilisés dans d'autres objets ethnographiques tels que des masques et des figurines. Les informations obtenues grâce à la réussite de ce projet de recherche nous permettront également d'identifier ces éléments textiles et donc de valoriser davantage la collection d'objets ethnographiques qui est sous la responsabilité du MRAC.