Répertoire du personnel
Nathalie Smitz
Biologie
Invertébrés
Invertébrés
Détails
Deblauwe, I., De Wolf, K., Smitz, N., Vanslembrouck, A., Schneider, A., De Witte, J., Verlé, I., Dekoninck, W., De Meyer, M., Backeljau, T., Gombeer, S., Meganck, K., Van Bourgonie, YR., Vanderheyden, A., Müller, R. & Van Bortel, W. 2020. Monitoring of exotic mosquitoes in Belgium (MEMO): Final Report Phase 7 Part 1: MEMO results. NEHAP. 100 p.
Rapport (publié)
Une détection précoce des espèces de moustique exotiques (EMS) au niveau de voies d’introduction à haut risques, avant qu’elles ne puissent s’établir, est d’importance capitale afin de prévenir la diffusion locale de maladies transmises par ceux-ci. A la suite de précédents projets de surveillance de ces EMS en Belgique, un nouveau projet de monitoring actif au niveau national (MEMO) et d’une durée de trois ans a été lancé en juillet 2017, dont le but était de détecter les sites où des introductions peuvent effectivement avoir lieu, et ceux où des EMS se sont déjà antérieurement établis en Belgique.
Chaque année, un plan de monitoring actif a été mis en œuvre au niveau de 20 à 23 différents Points d’Entrée (PoE). Le risque d’introduction et d’établissement des EMS connus au niveau de chacun de ces PoE a été ré-évalué annuellement, afin de s’assurer que le monitoring se concentrait toujours bien sur les sites à plus haut risques. Différentes méthodes d’échantillonnage ont été utilisées, incluant les pièges de type BG-Sentinel et Mosquito Magnet® qui permettent de collecter des moustiques femelles à la recherche d’un hôte pour se nourrir, des pièges pour la collecte des œufs afin de détecter la présence de femelles qui ont pondu, ainsi que des campagnes d’échantillonnage de larves. Les spécimens ainsi collectés ont été triés et identifiés sur base de leurs caractéristiques morphologiques. Tous les spécimens d’EMS, ainsi que cinq pour cent de l’ensemble des moustiques collectés, ont également été identifiés via l’utilisation de techniques ADN afin de valider leurs identifications initiales. Dans le but de réaliser ces identifications sur base de l’investigation de l’ADN des spécimens, et de distinguer les EMS des espèces natives, un pipeline a été développé. Les spécimens contrôlés, et les séquences d’ADN ainsi obtenues, ont été inclus dans une collection de référence pour l’identification moléculaire. Par ailleurs, les spécimens collectés au cours du projet MEMO qui ont été morphologiquement bien préservés (les plus intacts) ont été sélectionnés et intégrés à une collection morphologique de référence. Tout au long du projet, la gestion des données a été réalisée via l’utilisation du software VECMAP®.
Au total, 52478 moustiques (Diptère, Culicidae), appartenant à 31 espèces (ou complexes d’espèces) et cinq genres (Aedes, Anopheles, Culex, Culiseta, Coquillettidia), ont été collectés. Trois nouvelles espèces natives ont également été collectées, à savoir Anopheles daciae, Culex modestus et Culiseta longiarealata. Quatre EMS ont été détectées: Aedes albopictus, Aedes japonicus, Aedes koreicus et Anopheles pharoenis. Deux EMS sont localement établies: Aedes japonicus à Natoye (établissement de pneus Havelange) et Aedes koreicus à Maasmechelen (zone industrielle ‘op de Berg’). Aedes japonicus a été détectée pour la première fois en Belgique en 2002. En 2012, une première campagne d’éradication a été mise en place à Natoye et l’espèce a été considérée éradiquée du site en 2015. Néanmoins, elle a été collectée à nouveau en 2017 sur ce même site. Les observations effectuées en 2018 et 2019 indiquent que l’espèce se répand à nouveau à Natoye. Des analyses complémentaires sur base de l’utilisation de microsatellites (marqueurs ADN) indiquent que cette population correspond à un mélange entre la population originellement présente, qui aurait survécu à l’éradication, et des individus provenant d’une nouvelle introduction depuis une source externe. Par ailleurs, Ae. japonicus a également été introduit à Maasmechelen et à Eupen. Dans ce dernier cas, l’origine de l’introduction serait lié à l’expansion de la population établie en Allemagne de l’ouest. Détectée pour la première fois en 2008, Ae. koreicus ne semble pas s'étendre rapidement, mais peut actuellement être considérée comme largement établie. Une première campagne de contrôle a commencé en 2019, et dont le but est de réduire la densité de cette espèce. Aedes albopictus n’est actuellement pas établie en Belgique. Au cours du projet, l’espèce a été collectée au niveau de sept PoE distinct, cinq en 2018 et quatre en 2019. En plus des voies d’introduction bien connues, tel que le commerce de pneus de deuxième main et de “lucky bamboo”, l’espèce a été collectée au niveau de plusieurs aires de repos le long des autoroutes, ce qui représente une nouvelle voie d’introduction de l’espèce en Belgique. Enfin, un spécimen de l’espèce Anopheles pharoensis a été détecté à l’aéroport de Liège via l’utilisation d’un piège de type Mosquito Magnet®. Cette espèce est un moustique tropical qui se retrouve principalement dans les pays de l’ouest, de l’est et du sud de l’Afrique, en Egypte, en Israël et en Syrie. Au sein des pays Africains, il s’agit d’un vecteur secondaire commun de la malaria. Les conditions climatiques de la Belgique sont considérées peu appropriées à l’établissement de cette EMS.
Ces trois années de monitoring (projet MEMO) ont démontré que la situation en Belgique change. En plus des voies d’introduction principales bien connues (pneus usagés et “lucky bamboo”), Ae. albopictus est introduit passivement via le transport routier. Ceci représente un nouveau challenge pour les années à venir puisque des populations établies de cette espèce approche des frontières de la Belgique, et donc que l’introduction via transport routier deviendra certainement plus fréquente. Par ailleurs, le projet a également mis en évidence que le pourcentage de PoE positif a augmenté au cours du temps, et que des EMS étaient introduites en Belgique au cours de tous les mois entre mai et octobre. Tous ces résultats soulignent l’importance de développer un programme de surveillance intégré et un plan de contrôle des EMS à un niveau national et régional, avec des critères clairs et une méthode de surveillance, d’action et de contrôle sous supervision et évaluation appropriée.