Statuettes funéraires en pierre du Bas-Congo
La collection ethnographique du MRAC contient quelque 120 statuettes qui dans la région du cours inférieur du Congo furent déposées sur les tombes de défunts importants. On les appelle ntadi, un terme qui renvoie à la pierre tendre dans laquelle elles ont été taillées. La plupart de ces statuettes répondent à un nombre réduit de types qui correspondent à la représentation symbolique des caractéristiques avec lesquelles les chefs, les notables et les commerçants se faisaient volontiers associer. Il ne s'agit donc pas de portraits d'après nature, mais plutôt de reflets de la manière dont les commanditaires voulaient continuer à vivre dans les mémoires.
Un nombre important fut collectionné au cours des années 1950 par l'ethnologue amateur Robert Verly qui supposait qu'elles faisaient partie d'une tradition séculaire. Un examen plus approfondi a toutefois révélé que leur fabrication pouvait être datée grossièrement entre 1850 et 1930. Cette période coïncide avec le développement d'un commerce florissant dans la région de l'estuaire du fleuve Congo. Les chefs et les commerçants jouissaient d'une grande estime grâce aux divers produits européens dont ils faisaient l'acquisition en échange de noix de palmier et d'ivoire. Ils aimaient à se présenter comme des propriétaires autoritaires d'esclaves, mais également comme des ‘hommes de leur temps’ qui s'appropriaient de nouvelles aptitudes, comme la lecture.
La matière première de ces statuettes funéraires provenait de deux carrières. Une statuette était directement taillée sur place dans la pierre tendre pour simplifier le transport vers l'atelier où le travail de finition était réalisé. Sur la base de l'examen stylistique, l'on suppose qu'une vingtaine d'ateliers ont été actifs. La pierre était travaillée avec une doloire et un couteau, comme pour la sculpture sur bois.
La concurrence entre les ateliers est à l'origine de la richesse des thèmes. Certains de ceux-ci sont d’ailleurs très fréquents, ce qui indique que les sculpteurs devaient également s'adapter aux souhaits de leurs clients potentiels. Parmi les 'best-sellers', il faut citer les représentations du ‘penseur’, de la mère et l'enfant, et de la figure qui ouvre les mains devant elle. Cette dernière est probablement la représentation de quelqu'un qui est capable de lire des documents, une nouvelle aptitude qui suscitait une grande considération.