Lenyema Okiteke in residence

Le batteur-percussionniste et musicien de studio Lenyema Okiteke (1995, RD Congo) est un compositeur de musique expérimentale qui vit et travaille à Lubumbashi. Diplômé en philosophie latine de l’Université de Lubumbashi et musicien autodidacte, sa musique se trouve aujourd’hui à la frontière entre rythme et mémoire. Obsédé par ses souvenirs d’enfance, il habite l’histoire de son père, un commerçant Tetela dont le trafic était cantonné au centre du Congo et qui passait tout son temps libre à enseigner à son fils les percussions Luba. Le fait d’habiter l’histoire de son père, Lenyema le traduit, non pas comme lutte mais comme une association entre sa musique et son imaginaire. L’hypothèse de Lenyema, en lien avec le parcours de son père qu’il considère plus anthropologue que commerçant, lui permet de comparer les systèmes commerciaux postcoloniaux autochtones à ceux des multinationales aujourd’hui présentes dans son pays. Son utilisation des archives sonores lui permet d’explorer des atmosphères rythmiques complexes basées sur des techniques de composition expérimentales : Minimalisme, Electroacoustique. Imposant dans l’écriture de ses compositions, signatures rythmiques complexes "7/8, 5/4, 6/8" - qui sont généralement une rencontre entre les archives et ses motifs rythmiques - Lenyema met l’accent sur l’inconfort, à la fois dans le cerveau et le corps (pulsation), que ces signatures peuvent générer. Ses préoccupations rythmiques, compositionnelles ou performatives s’imposent comme geste artistique « non conventionnel » et contredisent les stéréotypes culturels généraux sur la tendance délibérée à limiter la musique du patrimoine culturel congolais à la folklorisation ou à la catégorisation.

RHYTHMIC TRACES

À travers ce projet de recherche et de création, Lenyema aborde doublement les archives sonores Luba présentes dans les collections de l’AfricaMuseum : d’abord comme outil sociologique, en confrontant ses hypothèses - liées au parcours de son père - aux récits, fictifs ou non, qui peuvent accompagner ces dernières, ensuite comme objet musical, en exploitant les interactions qui peuvent résulter de la confrontation entre ses préoccupations rythmiques - centrées sur la polyrythmie, l’utilisation de rythmes complexes - et la charge à la fois technique et esthétique que portent ces objets sonores. Par « rhythmic traces », exercice à partir duquel Lenyema se projette également dans le passé colonial afin de comprendre le contexte dans lequel ces objets ont intégré l’espace occidental et quelles étaient les intentions, naturelles ou non, qui accompagnaient les musicologues pour enregistrer les compositions de leurs sujets, il faut entendre : Préoccupation épisodique d’explorer les fondements sociomusicologiques des archives sonores Luba ; fondements considérés comme point de départ à partir duquel un lien avec une mémoire effacée ou abandonnée peut être établi. 

Direction scientifique de la résidence : Rémy Jadinon (AfricaMuseum).

En collaboration avec Q-02.

Création du morceau Rythmic Traces pendant la résidence :

Les musiciens : Lenyema Okiteke à la batterie, Koffi Sadjo Hetsu aux claviers et Daniel Guedegbe à la guitare bass et aux synthétiseurs. 

Prises de vue et montage : Bilal Lamarti.

Enregistrement son : Ludo Engels.

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