Défense publique de la thèse de doctorat de Emmanuel Abwe

Le 19 janvier 2022, Emmanuel Abwe (UNILU : RD Congo) a soutenu publiquement sa thèse de doctorat à la KU Leuven portant sur la diversité et la conservation de poissons du Parc National de Kundelungu (PNK). Les membres du jury ont apprécié les corrections faites à la première version du manuscrit, l’aspect didactique de son exposé et les réponses matures aux questions lors de la défense publique elle-même.

Ce travail a été financé par la Coopération Belge au Développement sous deux projets de l’accord-cadre du Musée royal de l'Afrique Centrale. D’abord par le projet MbiSa Congo I (2013-2018) pour ce qui est de la récolte des données et la rédaction. Ensuite, par le projet MbiSa Congo II (2018-2023) pour la finalisation de la phase rédactionnelle et la défense.

Cette thèse de doctorat a permis de fournir, pour la première fois, la compilation la plus complète de la diversité et la distribution des poissons du PNK et ses environs sur et autour du plateau de Kundelungu. En effet, environ 96 espèces de poissons ont été recensées dans le PNK et ses environs, dont 38 sont des endémiques strictes, parmi lesquels 26 sont de nouvelles ou de probables nouvelles espèces pour la science. En plus, ce travail a également démontré que la Lufira moyenne, qui est séparée de la Lufira inferieure par les chutes de Kyubo, partage très peu d’espèces avec celle-ci, soit 29 (38%) espèces seulement. Ceci démontre bien le rôle des chutes comme barrière à la dispersion actuelle des poissons surtout de l’aval vers l’amont. Par contre, elle partage presque le même nombre d’espèces (31 ou 40%) avec la Zambèze supérieure, et même plus d’espèces (soit 49 ou 64%) avec la Luapula-Mweru auxquelles elle n’est actuellement plus connectée. Ceci dénote le rôle des paléo-connections des rivières dans la distribution actuelle des poissons. En effet la paléo-Lufira, et la paléo-Luapula supérieure coulaient vers le sud, et étaient connectées pendant longtemps à la Zambèze via la paleo-Chambeshi jusque très récemment (~ 1.8 million d’années). En fin, cette thèse démontre que certaines espèces jadis considérées à larges distributions représentent plutôt des complexes d’espèces contenant en réalité plusieurs espèces endémiques non étroitement relatées aux espèces auxquelles elles étaient jadis attribuées.

Malheureusement, cette faune des poissons est menacée par plusieurs activités anthropiques, entre autres les mauvaises pratiques de pêche (empoisonnement, filet des petites mailles couplés aux brouillant coup de bâtons « Matumpulo » en langue bantou locale Sanga, barrières et divers types de pièges), la pollution minière et/ou agricole, etc. En plus, la quasi-disparition du gibier et la croissance démographique dans et autour du PNK augmentent la pression de pêche sur les poissons du PNK.

Il est donc nécessaire que l’institut national de la conservation de la nature (ICCN, RDC), intègre ou priorise dans sa politique de gestion et conservation de la biodiversité du PNK, une plus grande attention pour les écosystèmes aquatiques et leur biodiversité, particulièrement les poissons. En plus, la conservation communautaire est un autre atout pour renforcer les mesures de conservation dans la PNK. Ainsi, nous espérons que cette thèse pourra servir de base pour la protection/conservation et la gestion durable des écosystèmes aquatiques et leur biodiversité, en particulier les poissons du PNK et ses alentours.

Plus d'infos sur la thèse d'Emmanuel Abwe en néerlandais ou en anglais.