Black Lives Matter

Statement du musée, 11 juin 2020

Le 3 juin dernier, l’AfricaMuseum a annoncé son soutien au mouvement #BlackLivesMatter à travers ses réseaux sociaux ainsi qu’à l’entrée du musée. En effet, le musée a été créé en 1898 comme une institution scientifique pour la diffusion de la propagande coloniale et le soutien des activités coloniales de la Belgique. Le musée a longtemps transmis des messages de suprématie occidentale, profondément ancrés dans le racisme. Nous le reconnaissons, nous l’assumons et nous estimons que la lutte contre le racisme fait partie de notre propre processus de décolonisation. Nous considérons le colonialisme comme un système de gouvernance immoral, basé sur l’occupation militaire d’un pays, une gouvernance autoritaire et raciste, et une exploitation des richesses d’un pays au profit du colonisateur.

Néanmoins, notre message de soutien au mouvement #BlackLivesMatter a rapidement été condamné par plusieurs activistes, qui le jugeaient hypocrite. Certains estimaient même que nous nous étions approprié un combat qui ne nous appartient pas, ce qui n’était évidemment pas notre intention. Nous regrettons que cette action ait heurté certaines personnes.
Nous sommes bien conscients que, de par son histoire, le musée a joué un rôle important dans la construction de préjugés sur les Africains en Belgique et en Europe. Aujourd’hui, nous estimons que le musée représente un potentiel immense en tant qu’outil de sensibilisation et en tant que forum de débat sur des thèmes fondamentaux de notre société tels que le racisme et son ancrage dans l’histoire et la propagande coloniales. Ces sujets sont des thématiques majeures de notre exposition permanente et font régulièrement l’objet d’événements au musée.

Nous sommes également conscients que le musée conserve dans ses collections des objets dont il n’est pas le propriétaire moral. Une partie des collections du musée a été acquise dans un contexte de violence, d’injustice et d’inégalité de pouvoir, notamment lors de la période de l’État indépendant du Congo. Cette histoire est également racontée dans notre exposition permanente et nous participons activement aux débats en cours sur la restitution du patrimoine culturel africain et au dialogue avec les acteurs africains concernés. Nous dialoguons de manière ouverte et constructive avec les représentants de la politique muséale et des autorités belges et africaines, ainsi qu’avec les Belges d’origine africaine. Notre politique de restitution est transparente et disponible sur notre site web. Dans ce cadre, nous avons également développé un programme de résidence pour que des scientifiques africains indépendants mènent des recherches sur les circonstances dans lesquelles ces collections ont été acquises. Le musée dispose également d’un code éthique strict pour l’organisation d’événements.

Nous tenons aussi à rappeler que l’ensemble de statues, au milieu desquelles un buste de Léopold II, et qui se trouve en face du musée, ne relève pas de notre compétence, mais de celle de la gestion du parc. Néanmoins, le musée a entamé, depuis le début du 21e siècle, un processus de décolonisation et il nous semble essentiel de contextualiser les statues de personnages controversés de la période coloniale, comme Léopold II. Dans ce contexte, nous encourageons les autorités locales à engager un dialogue avec les communautés pour lesquelles ces statues représentent un symbole fort et douloureux de la période coloniale. Ainsi, le musée prend l’initiative de discuter de l’avenir non seulement du groupe de sculptures dans le parc mais aussi d’autres représentations coloniales dans la commune de Tervuren avec les autorités compétentes.

Nous espérons que ce message témoigne de notre soutien au mouvement contre le racisme et nous regrettons que nos publications aient heurté certains d’entre vous.

 

 

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