Numériser les collections pour faciliter la recherche sur l’environnement et les coronavirus

Le nouveau programme Virtual Access vise à numériser les collections d’histoire naturelle de nombreux musées européens. L’objectif est de numériser en priorité les collections pour lesquelles il existe une forte demande au sein de la communauté scientifique. Le Musée royal de l’Afrique centrale participe ainsi à deux projets. Le premier consiste à numériser quelque 2400 insectes aquatiques, en soutien à la recherche sur l’environnement. Le second s’intéresse aux collections de chauve-souris, afin de fournir des données dans la lutte contre les coronavirus.

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I. Otto © RMCA
 

Les collections d’histoire naturelle : un patrimoine précieux…

Les musées d’histoire naturelle abritent des collections essentielles pour relever le défi le plus important auquel l’humanité sera confrontée lors de ces 30 prochaines années : garantir un avenir durable pour l’humanité et les systèmes naturels dont nous dépendons.

En effet, ces collections contiennent des informations-clés pour répondre à des questions scientifiques fondamentales en matière d’écologie, d’évolution et de géosciences.

… encore peu numérisé

Si les collections sont publiques et consultables, le fait de les numériser et de les rendre accessibles en ligne permettrait d’améliorer considérablement leur accessibilité. Ces dernières années, de nombreux efforts ont été fournis dans ce sens.
Néanmoins, la taille gigantesque des collections fait que ces efforts restent insuffisants. Une évaluation récente révèle que seule une fraction a été numérisée : entre 4,5 et 18 % pour les 8 plus grandes collections d’histoire naturelle d’Europe.

Numérisation à la demande

Le programme européen SYNTHESYS+ regroupe 21 partenaires de 13 pays. Avec ses 10 millions de spécimens, le Musée royal de l’Afrique centrale en constitue un membre important.

Ces 15 dernières années, ce réseau œuvre pour faciliter l’accès aux collections. Dans ce cadre, le consortium SYNTHESYS+ a lancé le programme Virtual Access. Ce nouveau service de numérisation à la demande fournira des collections virtuelles, totalement libres d’accès, dans le monde entier.

L’objectif de Virtual Access est de numériser en priorité les collections pour lesquelles il existe une forte demande au sein de la communauté scientifique, en réponse aux défis sociétaux actuels. Virtual Access permet également de coordonner cette numérisation entre les différents instituts européens. 

Lors du premier appel à projets Virtual Access, cinq projets ont été sélectionnés. Le MRAC participe à deux de ces projets.

Ce spécimen d'éphémère est déjà disponible sur le site web des collections virtuelles du MRAC.
Ce spécimen d'éphémère est déjà disponible sur le site web des collections virtuelles du MRAC.

Projet 1 : numériser les collections d’insectes aquatiques bioindicateurs

Les habitats d'eau douce couvrent moins de 1 % de la surface de la planète, mais abritent 10 % des espèces connues.

Les invertébrés d'eau douce jouent un rôle essentiel en tant que bioindicateurs de la qualité de l'eau et des habitats. Ainsi, les éphéméroptères, les plécoptères et les trichoptères (EPT) dépendent directement de la bonne qualité de l'eau et des habitats terrestres environnants. Ces insectes sont donc utilisés comme bioindicateurs : leur présence et leur nombre dans un habitat indiquent la qualité de cet habitat. Ces groupes sont utilisés dans le monde entier à cette fin. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a ainsi créé un nouveau groupe de spécialistes pour l’étude de ces insectes aquatiques.

L'une des premières étapes consiste à mobiliser les données existantes. Les collections des musées représentent une source énorme et inexploitée d'informations sur la distribution et l'histoire de la vie de divers organismes, dont des insectes d'eau douce.

Afin de faciliter la recherche sur ces bioindicateurs et d’identifier des paysages aquatiques importants, le MRAC s’engage ainsi à numériser la partie la plus pertinente de ses collections d’invertébrés d’eau douce, soit près de 2400 spécimens.

Spécimen de chauve-souris Hipposideros gigas viegasi
Spécimen de chauve-souris Hipposideros gigas viegasi.

Projet 2 : numériser les collections de chauve-souris afin de lutter contre les coronavirus

Dans le contexte de la pandémie causée par le Covid-19, l'origine animale du virus est un mystère crucial à résoudre. Plus de 200 nouveaux coronavirus ont été découverts chez les chauves-souris jusqu'à présent. Mais seule une fraction des espèces connues de chauve-souris a été dépistée pour ces virus.

Dans la famille des Coronaviridae, le virus qui ressemble le plus à celui qui a causé la récente pandémie a été trouvé dans une espèce de chauve-souris commune d’Asie du Sud-Est, Rhinolophus affinis. Les experts suggèrent d'accumuler nos connaissances actuelles sur la distribution, les informations virales et les exigences écologiques de base non seulement de cette espèce mais également d’autres espèces de chauves-souris qui en sont proches sur le plan phylogénétique.

Afin de soutenir les études sur ces virus, plus de 20 000 spécimens de chauve-souris conservés dans les collections européennes seront numérisés. Dans ce projet, le MRAC s’engage à numériser les données biologiques de près de 2000 spécimens. Les chercheurs développeront une base de données reprenant les métadonnées associées à chaque spécimen.

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