Avis de recherche : l’Engoulevent de Prigogine, un oiseau de l’est de la RDC
Sous l’impulsion de Leonardo DiCaprio, l’organisation Re:wild, la American Bird Conservancy (ABC) et BirdLife International ont lancé The Search for Lost Birds, une initiative qui vise à retrouver 10 espèces d’oiseaux qui n’ont plus été observées depuis des décennies. Parmi ces 10 espèces figure l’Engoulevent de Prigogine, une espèce décrite par un ornithologue de l’AfricaMuseum et dont le seul spécimen connu est conservé à Tervuren depuis 1955.
Un spécimen de 1955… décrit comme nouvelle espèce 35 ans plus tard
L’Engoulevent de Prigogine (Caprimulgus prigoginei) est un oiseau dont le seul spécimen connu a été capturé en 1955 par Alexandre Prigogine dans le massif d’Itombwe, dans la province du Sud-Kivu en RD Congo. Aucune observation confirmée de cet oiseau n’a été réalisée depuis.
Bien que le spécimen soit arrivé dans les collections du musée en 1955, ce n’est que 35 ans plus tard qu’il a été décrit comme espèce nouvelle pour la science.
Ce spécimen était enregistré dans les collections sous le nom d’une espèce connue, explique Michel Louette, ornithologue du musée qui a décrit l’espèce en 1990. Cependant, en étudiant ce spécimen, je suis arrivé à la conclusion qu’il devait appartenir à une espèce différente. En effet, il présentait des caractères qui n’avaient jamais été décrits auparavant. C’est ainsi que Michel Louette a décrit cette nouvelle espèce d’engoulevent. Il lui donna le nom Caprimulgus prigoginei, d’après Alexandre Prigogine, qui récolta le spécimen.
Modèle 3D de l'unique spécimen connu de l'Engoulevent de Prigogine.
Top 10 most wanted
L’Engoulevent de Prigogine est l’une des 10 espèces d’oiseaux, réparties sur cinq continents, qu’un groupe de chercheurs international veut retrouver. Grâce à l’initiative The Search for Lost Birds, et sous l’impulsion de l’acteur Leonardo DiCaprio, l’organisation Re:wild, la American Bird Conservancy (ABC) et BirdLife International souhaitent soutenir des expéditions pour retrouver ces oiseaux, en comptant notamment sur le vaste réseau international d’ornithologues professionnels et amateurs.
Outre les (re)découvertes fascinantes que ces expéditions pourraient engendrer, il s’agit surtout de promouvoir la conservation des oiseaux et de leurs milieux naturels. En effet, la plupart de ces oiseaux sont originaires de régions riches en biodiversité, aujourd’hui menacées. La (re)découverte d’un oiseau rare permettrait de stimuler les efforts de conservation.
Retrouver un oiseau qui n’a plus été observé depuis plus de 60 ans ?
Michel Louette estime que retrouver l’Engoulevent de Prigogine n’est pas impossible. Il s’agit d’un oiseau nocturne et discret. Une observation fortuite est donc peu probable et je n’exclus pas que l’espèce survive encore aujourd’hui.
Ce ne serait pas une première pour Michel Louette. Lors d’une expédition menée en 2010 et 2011 au Katanga en RD Congo, nous avons retrouvé le Tisserin de la Lufira (Ploceus ruweti). Cette espèce, que j’avais décrite en 1982 comme nouvelle pour la science, n’était alors connue que du seul spécimen capturé en 1960 dans la même région.
Néanmoins, si une expédition est mise sur pied pour retrouver l’Engoulevent de Prigogine, Michel Louette, aujourd’hui retraité, n’y participera probablement pas. Je compte céder la place à la nouvelle génération d’ornithologues, conclut-il.
La collection de l’AfricaMuseum compte 150 000 spécimens d’oiseaux, comme peaux plates, spécimens en alcool, pièces montées et squelettes. Environ 250 espèces et sous-espèces d’oiseaux sont représentées par des spécimens types, c’est-à-dire des spécimens qui ont servi à décrire l’espèce.
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