HOME : un projet de recherche sur les restes humains dans les collections belges

Les prémices du projet

Plusieurs institutions publiques et privées belges conservent dans leurs collections des restes humains. Certains de ces restes humains sont arrivés en Belgique lors de la période coloniale. En collaboration avec six autres musées et universités, le MRAC a lancé le projet HOME afin d'évaluer de manière approfondie le contexte historique, scientifique et éthique des restes humains présents dans les collections belges. L'objectif est d'informer les décideurs politiques et les parties prenantes sur leurs destinations finales possibles. Ce projet a été précédé par de nombreuses recherches scientifiques et expositions au cours des dernières décennies.

La sculpture de l'artiste congolais Aimé Mpane représentant le crâne de Lusinga dans la grande Rotonde du musée

Lusinga comme déclencheur ?

Les recherches sur les restes humains dans la collection du MRAC ont commencé il y a quelque temps. Les collections et les restes humains ont été interrogés pour la première fois lors de l’exposition "Exit Congo Museum" en 2001. Le crâne du dirigeant congolais Lusinga Iwa Ng'ombe a suscité l'intérêt du conservateur Boris Wastiau. Le militaire belge Emile Storms avait assassiné et décapité Lusinga lors d'un raid sanglant en 1884 et avait emporté son crâne comme butin de guerre. Plus tard, à la demande de l'Association internationale africaine, le crâne est arrivé en Belgique en tant que spécimen scientifique. Maarten Couttenier a également étudié Lusinga dans le cadre de ses recherches sur l'histoire de l'anthropologie physique. Lors de ses recherches sur la violence coloniale, Boris Wastiau a localisé le crâne de Lusinga dans son dépôt actuel, à l'Institut royal des sciences naturelles de Belgique, en 2005. En 1964, les collections de restes humains du MRAC y avaient été transférées.

L'intérêt croissant pour les restes humains présents dans les collections a conduit, avec la collaboration de Maarten Couttenier, à l'exposition "De exotische mens" au Musée Teylers de Haarlem et au Musée Dr. Guislain de Gand en 2009. La première photographie du crâne de Lusinga a été publiée dans le catalogue. En 2011, le MRAC présentait dans son exposition "Uncensored. Histoires animées des coulisses" l’histoire de deux bergers momifiés de la région du Kivu. Ce faisant, le musée abordait le thème sensible des restes humains. En 2011, Agnès Lacaille et Isabel Garcia Gomez ont examiné de près tous les objets ethnographiques présents au MRAC qui contiennent des restes humains. Ils ont reçu un emplacement spécial dans le dépôt du musée.

Dans son exposition permanente rénovée en 2018, l'AfricaMuseum présente la sombre histoire d'Emile Storms et de Lusinga. La grande Rotonde accueille notamment la sculpture de l'artiste congolais Aimé Mpane représentant le crâne de Lusinga, installée en février 2020.

 

Débat public

Récemment, on constate également un intérêt croissant du public en Belgique pour les restes humains présents dans les collections. Le sujet a été interrogé pour la première fois au Sénat en 2016. En 2018, la revue Paris Match a largement contribué à faire connaître l'histoire de Lusinga au grand public.

La même année (2018), le ministre de la Politique scientifique fédérale a proposé de créer un groupe de travail pour étudier le cadre juridique de la restitution des restes humains. Une première demande de restitution du crâne de Lusinga a ensuite été faite par lettre en 2019. Le colloque "De l'ombre à la lumière", organisé à l'ULB en 2019, a fait resurgir les questions éthiques et morales sur l'origine et la préservation des restes humains. En avril 2019, le Parlement bruxellois a voté une résolution en faveur du rapatriement des restes humains et de la restitution des objets culturels collectés pendant la période coloniale.

 

HOME

Avec le projet HOME (Human Remains Origin(s) Multidisciplinary Evaluation), des chercheurs de sept institutions visent à répondre aux questions éthiques et à fournir une base pour les demandes de restitution des restes humains non belges en Belgique.

HOME est une collaboration entre sept partenaires institutionnels, dont quatre institutions scientifiques fédérales (Institut royal des sciences naturelles de Belgique, coordinateur du projet, Musée royal de l'Afrique centrale, Institut national de criminalistique et de criminologie, Musées royaux d'Art et d'Histoire) et trois universités (Université libre de Bruxelles, Université Saint-Louis-Bruxelles et Université de Montréal).

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