Festival Nyege Nyege

Du 5 au 8 septembre 2019 avait lieu la 5e édition du festival Nyege Nyege. Organisé chaque année à Jinja en Ouganda, ce festival met en avant les musiques traditionnelles et électroniques est-africaines. Rémy Jadinon, musicologue au MRAC, a participé au festival afin d’étudier les processus de « festivalisation » et « d’électronisation » des musiques traditionnelles.

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Un festival pour la scène est-africaine

Le festival Nyege Nyege est une initiative d’un collectif d’artistes en Ouganda. Ce collectif dirige, entre autres, un studio d’enregistrement à Kampala et deux labels : Nyege Nyege Tapes et Hakuna Kulala.

Créé en 2015, le festival est organisé à Jinja, à la source du Nil. À travers sa programmation, les fondateurs souhaitent mettre en valeur les évolutions récentes de la scène underground est-africaine. Les cinq scènes du festival réunissait cette année plus de 300 artistes de 30 nationalités différentes.

Festivalisation

Dans le cadre de ses recherches, Rémy Jadinon s’intéresse au processus de transformation des musiques traditionnelles en Afrique centrale. 

« En Ouganda, les groupes de musique traditionnelle ont hérité d’un patrimoine musical provenant des anciens royaumes », explique Rémy Jadinon. « De nos jours, ces troupes continuent à se produire, mais les occasions sont moins fréquentes. Comme d’autres festivals, le Nyege Nyege offre un nouveau lieu de performance et une visibilité à ces troupes. »

L’Acholitronix et l’électronisation des musiques traditionnelles

Outre les troupes traditionnelles, le festival accueille de nombreux artistes et DJs contemporains. Certains d’entre eux produisent une musique électronique moderne, inspirée de musiques traditionnelles issues de leurs communautés. Rémy Jadinon étudie ce processus d’électronisation des musiques traditionnelles.

Leo P-layeng, par exemple, est un harpiste traditionnel qui, ne trouvant plus de musiciens pour l’accompagner, a remplacé ces musiciens par des boîtes à rythme. La musique électronique étant plus standardisée, cette substitution s’est accompagnée de transformations, donnant naissance à un nouveau genre musical : l’Acholitronix – Acholi étant la communauté dont est issu cet artiste. Leo P-layeng et d’autres artistes tels qu’Otim Alpha ou Kadodi gagnent en popularité dans ce nouveau genre et réalisent des tournées internationales.

« En travaillant avec l’artiste pionnier qu’est Leo P-layeng, j’espère analyser et comprendre la naissance de ce nouveau genre musical, aussi bien à Kampala qu’en-dehors de la capitale et au sein des communautés dont l’artiste est originaire », explique Rémy Jadinon.

 

Leo P-layeng et Otim Alpha lors du festival Nyege Nyege 2018, diffusé par le célèbre concept Boiler Room :